Retour sur la conférence de Michel C.Kiener, donnée le jeudi 12 mars, au Lycée Gay-Lussac, sur le thème « Limoges 1920-2020 : cent ans d’urbanisme et d’architecture ». Une quarantaine d’auditeurs, anciens du lycée et sympathisants, se sont montrés particulièrement attentifs et curieux des questions d’évolution de l’urbanisme et l’architecture de la ville de Limoges.
Celui qui se promène dans Limoges, surpris par l’hétérogénéité du tissu urbain qu’il a sous les yeux, peut en tirer l’impression d’une ville construite de bric et broc, à la petite semaine, en fonction des opportunités foncières, sans pouvoir en comprendre la logique, ni même, parfois parvenir à situer le « vieux limoges », le cœur historique premier que toute ville aujourd’hui brandit comme un trésor.
Tout au contraire, en dépit de son caractère parfois déroutant, le paysage urbain de Limoges est le produit de politiques successives emboîtées conduites par des maires « à projet », que les hasards de la vie ont contraint de « jeter l’éponge ».
À ce titre, Limoges est un cas passionnant. Mais avant d’entrer dans le cœur du sujet, il faut rappeler deux principes de base :
- Un maire peut « tout », tout ou presque. C’est un roi sur son territoire, en dépit des contraintes budgétaires et autres, c’est lui qui dessine « en vrai » le dessein de sa ville, son devenir et son futur visage : Villeurbanne dans l’entre-deux-guerres, et récemment Nantes, Grenoble, puis les deux Bordeaux successifs de Chaban-Delmas et Juppé en savent quelque chose, tout comme des villes aussi « moyennes » que Colmar ou Sarlat.
- Mais il décide armé de ses passions, de ses principes politiques et des idées en vouge, passés au tamis des exigences et des conseils des hommes de l’État, ingénieurs et hauts fonctionnaires, et des architectes en vogue..
Le paysage urbain est donc la résultante de décisions successives et datées portant sur
- l’espace public : rues, places, alignements, traitement du sol, mobilier végétal ou statuaire…
- le bâti : alignements, hauteur, directives de construction (matériaux, encorbellements etc),
- l’activité économique : artisanat, manufactures et usines, commerces divers.
Le tout ajusté aux moyens financiers du moment : comme les cathédrales du Moyen-Âge, les villes présentent de l’inachevé, faute de fonds ou revers de fortune, ou changement de politique. Limoges – comme tant d’autres villes bien sûr – est un musée d’inaboutis ou d’inachevés (ses places Denis-Dussoubs et d’Aine, le carrefour du CHU, les bords de Vienne, le Jardin d’Orsay…)
Les quatre moments d’une histoire
Sans entrer dans le détail des décisions et des constructions poursuivies sur plus d’un siècle, on tentera de fournir ici les clés qui permettront de déchiffrer le paysage. Pour le seul Limoges des années 1900-2020, on peut distinguer quatre phases, quatre politiques successives dont son paysage porte l’empreinte forte et les stigmates.
- Une longue phase d’haussmannisation volontariste, commencée en 1898-99 et poursuivie par le maire Léon Betoulle (1912/1941, 1947/1956), puis par son successeur Louis Longequeue (1956-1990), s’est trouvée enrayée successivement par la Crise de 1929 suivie de la Seconde guerre mondiale, et par la révolution copernicienne des années 1970-80.
- Les années 1954-75, celles des Trente Glorieuses, qui culminent à Limoges au cours d’une décennie glorieuse, celle des années 1960.
- Leur succède le temps des « Vieux quartiers », de la revendication identitaire couplée avec le temps des architectes/grands projets des années 1974-2010.
- Une quatrième phase s’amorce avec le XXIe siècle et prend son envol vers 2010 : le temps du bien-vivre en ville, des préoccupations écologiques puis du changement climatique, les maires devant « répondre aux défis de l’avenir ».
1. L’haussmannisation
Il faut rappeler ce qu’était le Limoges de 1900-1920 : une grande ville industrielle et négociante, ouverte sur le monde, même si elle a pris en même temps l’habit d’une « ville ouvrière ». La liste des industries de base, porcelaine, chaussure, liqueurs, doit être complétée par un important secteur BTP trop souvent passé sous silence : architectes, entrepreneurs, terrassiers, maçons, plâtriers, charpentiers en bois et en fer, peintres, menuisiers, vitriers, électriciens… construisent à la Belle Époque en marge du vieux Limoges premier une périphérie planifiée typique de la Révolution industrielle. Deux villes coexistent donc, comme dans les villes coloniales : un vieux centre pourrissant et une ville neuve à rues larges tirées au cordeau, outre des métastases urbanisées par poches. D’un côté l’entassement de la population ouvrière dans des logements sordides, de l’autre de nouveaux quartiers, dits bourgeois, où logent classes moyennes et cadres de la garnison.
Mais on ne voit pas émerger une politique de logement ouvrier, ni de la part des manufacturiers, ni de la municipalité.
En tout cas, celle-ci entreprend à partir de 1898-99 de raser la ville ancienne secteur après secteur, afin de doter Limoges d’un centre-ville « moderne », en prenant pour référence l’action du baron Haussmann à Paris. Ce qui veut dire mener l’opération sans états d’âme, en sacrifiant toute référence au passé, toute référence au parcellaire antérieur, en sacrifiant les maisons à tourelles d’angle en granit comme en ont conservées Brive et Saint-Léonard-de-Noblat.
Première victime condamnée à l’unanimité pour sa pestilence, le secteur dit du Viraclaud, sur lequel on construit rapidement, à partir de 1900, quelques « grands équipements » : Poste, Préfecture, Bibliothèque et Cirque-Théâtre en dur. Suit aussitôt, sur un programme arrêté en 1914 à la veille de la guerre, la destruction du secteur du Verdurier situé à l’autre extrémité d’une radiale ouverte en force, la future rue Jean-Jaurès. Le Verdurier, détruit à coups de pioche pendant la Grande guerre, transformé en tabula rasa, amorce sa reconstruction sous l’égide des frères Bernheim dès 1920-21, dotant le centre-ville d’artères Art déco puis Années Trente. Subsistent pourtant comme en attente, de part et d’autre de la pénétrante Jean-Jaurès des îlots en attente… rescapés du massacre.
Et une amorce d’urbanisme : ainsi le plan Gonthier, suite à la loi de 1919.
Qui mène la danse ? Qui poursuit le programme amorcé vingt ans plus tôt ? Paradoxalement, le député-maire socialiste élu en 1912, Léonard dit Léon Betoulle. Il a trois préoccupations essentielles :
- Accompagner la relance économique gage d’emplois pour la population. Limoges sera pleinement la capitale de la VIIe Région économique, voulue par la Chambre de commerce.
- Poursuivre la modernisation de la ville, donc l’haussmannisation et la reconstruction en moderne des quartiers détruits. Et, surtout, en finir avec le feuilleton de la gare du P. O. : il impose le projet audacieux de Roger Gonthier, et la gare se fait, inaugurée en 1929.
Pour le Verdurier, mis en adjudication d’un bloc en 1921, il ne veut qu’un seul interlocuteur : ce sera les frères Bernheim.
- Enfin, lancer un programme offensif de logements ouvriers HBM : une cité-jardin (Beaublanc), puis la cité des Coutures et tant d’autres, que suit un de ses fidèles, Victor Thuillat .
Sont ainsi fortement impactés dans l’espace urbain et péri-urbain :
- Le Verdurier, donc le Boulevard Louis-Blanc, la rue Jean-Jaurès puis l’îlot de la gare
- Ainsi qu’un ensemble de poches pavillonnaires privées, rues comprises, bâties en « pavillons Loucheur » modestes et de alignements de villas, dont de nombreux lotissements Bernheim privés (Montjovis, la Céramique…).
Mentionnons enfin quelques cathédrales industrielles dont la plupart ont été rasées depuis : subsistent ainsi l’usine de chaussures Monteux rue Beyrand (archives de santé de l’armée) et une imposante usine Haviland devenue siège des chèques postaux.
Sauf que la Crise de 1929, partie de New York, fit de Limoges l’industrielle une victime de choix. Chômage, faillites en cascade, friches industrielles, un drame absolu que la seconde guerre mondiale fit durer. L’haussmannisation est ainsi stoppée.
2. Les années 1954-1975
L’après-guerre est sinistre, l’industrie repart lentement, alors que le baby-boom accroît à Limoges une effarante crise du logement. Les ruraux qui accourent pour travailler en ville ne trouvent parfois qu’un garage pour se loger en famille. Le maire communiste Georges Guingouin, élu en 1945, tente une politique vraiment sociale, mais il est remplacé dès 1947 par le vieux Betoulle. Rien ne se passe vraiment, aucun progrès dans l’assainissement. La France, ruinée par les guerres coloniales, n’a pas d’argent – en 1953-54, 40 % du budget passe dans la guerre d’Indochine.
Une conférence illustrée d’archives, commentées par Michel C. Kiener
Sauf qu’en 1954, l’abbé Pierre lance son célèbre appel, et l’État décide alors de lancer, lui, un grand plan de construction industrialisée de logements.
- Cette campagne va assurer le triomphe des idées de toute une génération d’architectes adeptes des conceptions de Le Corbusier, architectes souvent de gauche et compagnons de route du Parti communiste, résistants (mais pas tous loin de là), forts de leur participation à l’œuvre de reconstruction des villes en ruines dirigée par le ministre Claudius-Petit (1948-1953), l’homme du MRU.
- Le maire Betoulle monte à Paris en 1954, et il obtient un premier programme pour une cité à construire à La Bastide, ainsi que la nomination d’un architecte dédié, Clément Tambuté (l’homme de la cité des 4 000 de La Courneuve etc. après avoir reconstruit Calais, Berck-sur-mer et Abbeville. Un Parisien, qui a œuvré à Madagascar pour reconstruire le port de Nossi Bé ruiné par les tirs anglais.
- Il est suivi d’un autre architecte parisien, René Blanchot, qui se chargé des constructions scolaires (écoles, lycées). Un copain de Tambuté. L’adjoint aux écoles, c’est Louis Longequeue, le futur maire.
En décembre 1956, Léon Betoulle meurt enfin, et c’est donc le « jeune » Longequeue (1956-1990) – un pharmacien socialiste de 42 ans lié à la Résistance – qui lui succède, élu par son groupe à la surprise générale. Il va se noyer dans le travail, et prend à bras le corps tous les gros dossiers, le logement, les écoles, l’emploi, les grands équipements sportifs…
Il va utiliser pour cela tous les leviers que l’État met à la disposition des communes. En 1958, la Cinquième République, en 1959 les municipales. Le maire a eu deux ans pour prendre les choses en mains. Il est seul, sans aucun appareil autour de lui, sinon un secrétaire-général en place depuis longtemps, juriste et roublard.
Sa méthode ? Décider et prendre le dossier en mains. Ainsi en va-t-il du nouveau théâtre municipal voué à l’opéra et l’opérette, 1 400 places, inauguré en 1963, construit sur l’emplacement du cirque-théâtre détruit.
Les années 1960-70 seront ses grandes années. En décembre 1959 est créée sous l’égide du préfet et de la Caisse des dépôts une société d’économie mixte dont le maire est aussitôt nommé président. Cette SEM est avant tout une boite aux lettres entre les services conseils de la CDC et la ville, mais cette SELi devient le bras armé du maire. Et il annonce, en ce mois de décembre 1959, puis dans la foulée, son programme donc ses exigences. Spectaculaire. Une ZUP, et trois zones industrielles, aux entrées nord et sud de la route Paris-Toulouse, des collèges universitaires et pourquoi pas une université, un CHU, une refonte de l’espace central (la place de la République) avec un parking et, dès 1961, un aéroport moderne en remplacement de celui de Feytiat. Il a un atout : un vaste territoire communal, qu’il agrandit en annexant Beaune-les-Mines. Il n’aura rien à négocier avec sa périphérie. Comment travaille Louis Longequeue ? Avec des complices, des relais qu’il se constitue à Paris ; il est parlementaire, il négocie âprement, il contourne les préfets et leur mandant le directeur de l’Office HLM. Il est exigeant, et il le fait savoir.
En un peu plus de dix ans, c’est fait. L’aéroport de Bellegarde est inauguré pour les obsèques d’Edmond Michelet en 1970. Le maire obtient son université en 1968, et le CHU est inauguré en 1975 seulement par Jacques Chirac, suite à des faillites d’entreprise etc.
Tout est municipal et le restera : le Centre culturel inspiré des maisons de la Culture à la Malraux, le Grand-théâtre, le musée de l’Évêché. La ville se couvre d’écoles et de lycées reconstruits ou construits, au service de toute l’agglomération. Et l’industrie tourne à plein, l’automobile prenant le relais des deux industries traditionnelles, céramique et chaussure.
Et l’haussmannisation ? Le maire la poursuit à son tour, mais elle se limite aux marges urbaines ouvrières aux allures de taudis qui longent la Vienne au pied et autour de la cathédrale, en attendant d’attaquer la rive gauche : le Clos Sainte-Marie. Pour le reste du vieux centre laissé en attente, il faut construire d’abord, on détruira après. Les grands ensembles se succèdent donc à partir de 1959, tous signés Tambuté, avec l’aide de son assistante Thérèse Fayeton et des architectes d’exécution locaux.
1971 marque un sommet, que consacrent pour Longequeue ses troisièmes municipales remportées – trois autres suivront. Limoges s’affiche clairement en capitale régionale de plein exercice, au point que l’État prévoit pour elle 250 000 habitants en 1990. Les ZI sont remplies, et on s’attaque sans plus tarder à une deuxième ZUP au-delà de la ville, dans les champs du lieu-dit Beaubreuil. C’est aussi le temps des piscines et des terrains de sport. Et celui des espaces verts, sous l’impulsion d’un adjoint à l’urbanisme, Gilbert Font (1965-1995) : vallée de l’Aurence en entier, jardins ouvriers, premier golf municipal de France, jardins de l’Évêché. L’idée d’une « ceinture verte », très à la mode avec l’émergence de l’écologie, fait son chemin. L’acquisition réussie et sans frais du Bois de la Bastide, autre première application d’une loi récente, en est le témoin.
Et c’est le coup de bambou de Beaubreuil, la fin d’une époque…. La France passe au pavillonnaire, même si la Gauche stigmatise les Chalandonnettes… Les classes moyennes, les ménages ouvrier-employés à deux salaires, font construire. La Caisse des Dépôts se retrouve bien seule avec sa pluie de barres et de tours à élever sur Beaubreuil. Elle doit changer ses plans et les envelopper d’une ceinture de pavillons pour éviter le désastre financier.
Tout dérape. Les ménages, en effet, se mettent à fuir dans les communes d’une banlieue qui s’invente à toute vitesse, tandis que les « quartiers » conservent les plus pauvres :
- Les Grands ensembles accusent le coup du double choc pétrolier de 73 et 79, qui sonne la fin de nombreuses entreprises « locales » (les fonderies de Châteauponsac, le textile de Cussac). Tandis qu’une population d’immigrés remplace les ex-ruraux partis à la périphérie… alors même que les emplois industriels s’évaporent sur Limoges.
- Les associations « de défense », dans le même temps, se créent et parviennent à bloquer de grands projets : l’autoroute à six voies prévue en bord de Vienne, la destruction du Clos Sainte-Marie et du reste du quartier de la Cité. L’haussmannisation est stoppée, avec un héros discret, Gilbert Font, qui sauve le Pavillon du Verdurier et tant d’autres bâtiments ou secteurs patrimoniaux.
3. Le temps des architectures et du Patrimoine 1980-2010
Oui, les temps avaient bien changé. Partout en France désormais des citoyens, mieux formés, se mêlaient des projets que leurs maires, appuyés par l’Etat et forts de leur légitimité électorale, tentaient de mettre en œuvre. Limoges n’échappa pas au mouvement général des associations contestataires.
Le Zénith en construction au bois de la Bastide (2006) : le temps des grands équipements.
Deux phénomènes majeurs vont marquer son paysage urbain :
- La prise en considération comme « patrimoine » des vieux quartiers voués à la démolition. Cela ne se fit pas sans grincements de dents et le maire Longequeue résista jusqu’au bout, jusqu’à sa disparition en 1990, à toute campagne de ravalement obligée. Ainsi qu’à sa corollaire, la création d’un secteur piétonnier cohérent et valorisé. Mais le ton était donné, et les premiers colombages apparurent en 1973 rue de la Boucherie à l’initiative d’un petit groupe de passionnés. Le Clos Sainte-Marie, à son tour, se prit en mains et imposa une progressive mise en valeur qui mit hors-jeu les programmes prévus. Des aides (celles de l’ANAH), des subventions ciblées firent émerger un nouveau Limoges, détenteur d’un « centre ancien » qu’on ne soupçonnait pas, et même d’un patrimoine archéologique disponible. Une première décision favorable au patrimoine concerna les vestiges du tombeau de saint Martial place de la République, mais les très importants vestiges des thermes gallo-romains, trouvés dans un état remarquable de conservation et d’élévation, furent rasés dix ans plus tard sans pitié au profit d’un parking à étages. Il revint au maire Alain Rodet (1990-2014) de passer à la vitesse supérieure en lançant une politique continue et cohérente de ravalements (au-delà du millier de façades), de fouilles assumées et de valorisation par exemple de la place Denis-Dussoubs. En cela appuyé par le Département (la chapelle des Jésuites, la Visitation et l’ex-caserne). Avec cependant un secteur piétonnier réalisé par petits bouts sans réelle volonté d’en faire un atout maître.
- Deuxième signe des temps, le temps des architectes. À partir de 1980 on voit surgir à traves Limoges de grands équipements publics, imposants ou plus modestes, à valeur architecturale voulue et assumée : l’hôtel de région, le Palais des sports de Beaublanc (temple du basket version CSP), la technopole Ester, la médiathèque (Bfm, P. Riboulet), l’ENSIL (Atelier 4), l’ENAD/ENSA, les deux facultés de droit de centre-ville (M. Fuksas) – site Turgot et site Forum –, le Conservatoire, la nouvelle ENSCI/centre européen de la céramique… et, pourquoi pas, le collège André-Maurois. Dans le même temps, le Théâtre de l’Union, les caves des anciennes Coop, les halles centrales, la cité HBM/HLM des Coutures et la cité-jardin de Beaublanc, la chapelle devenue Espace Simone Veil font l’objet de réhabilitations/refondation majeures, comme les musées des beaux-arts (ville) et Adrien-Dubouché (État).
En 2001, la ville entre enfin dans le club des Villes d’art et d’histoire, mais toujours à petits pas. Ce qui n’empêche pas quelques ratés scandaleux, ainsi le saccage de l’ex-chapelle 1880 des sœurs hospitalières au profit de l’Université.
4. La ville durable : 2010 et après
En 2014, les municipales du mois de mars mettent fin à un siècle de gestion socialiste de la ville (1912-41, 1947-2014). Changement de ton, peut-être, mais le cadre mental a changé, à commencer par le fait que Limoges perd soudain, au 1er janvier 2015 son statut de capitale régionale. Un coup de foudre qui frappe une ville ex-ouvrière devenue ville tertiaire avant tout.
En 2001, la ville était entrée dans la construction progressive d’une communauté de destin avec les communes d’alentour, puis, mieux encore, dans une Communauté urbaine, celle de Limoges Métropole, largement étendue. Désormais, la voirie et l’aménagement urbain vont dépendre du consensus communautaire autant que de la volonté du maire.
Mais c’est surtout l’impact du mouvement écologiste, qui fait irruption au conseil en 1989, puis du réchauffement climatique, devenu une évidence et une obsession dans les années 2010, qui vont désormais orienter la confection d’un paysage urbain plus vert, plus ajusté aux exigences environnementales, et, peut-être, à de nouvelles habitudes de consommation urbaine.
Tout reste à inventer dans ce domaine. S’amorce en tout cas, une nouvelle phase de l’aménagement de l’espace urbain, héritier de politiques successives liées à l’histoire économique et politique de la ville autant qu’aux grands moments de l’histoire nationale.